Prière de ne pas cracher!

Plus d’une victime par jour: tel est le tribut payé à la tuberculose dans le canton de Fribourg autour de 1900. Peu de familles sont épargnées par ce fléau et pourtant, peu osent en parler. Au début du XXe siècle, la tuberculose est une maladie infectieuse, incurable, entourée de tabou, de peur et de honte. Un peu comme le SIDA aujourd’hui, elle est souvent considérée comme la conséquence de comportements réprouvés. On en souffre donc en silence, ce d’autant plus que l’idée du châtiment divin n’est jamais très loin dans la société fribourgeoise de l’époque si fortement imprégnée par le catholicisme. Seule une poignée de philanthropes se mobilise pour lutter contre ce qu’on appelle encore pudiquement la phtisie. En 1906, ils fondent la Ligue fribourgeoise contre la tuberculose. En dépit de l’indifférence crasse des autorités politiques à l’égard des problèmes de santé publique, la Ligue parviendra progressivement à organiser la lutte contre cette terrible maladie. Au croisement de l’histoire sociale, de l’histoire de la santé publique et de l’histoire des mentalités, cet ouvrage retrace les étapes de la première entreprise sanitaire moderne et systématique en pays conservateur. Il décrit la lente démocratisation de l’accès aux soins et met en lumière l’évolution de la Ligue fribourgeoise contre la tuberculose, qui passe du statut d’œuvre caritative en 1906, à celui d’institution officielle de santé publique reconnue et soutenue par l’État dès les années 1950.