Érinyes, Euménides, Semnai Theai

Ces déesses aux noms multiples, tantôt blanches et tantôt noires, ont suscité bien des interrogations ; à en croire l’opinion qui prévaut, elles sont préposées à la vengeance, garantes de l’ordre du monde ou protectrices des serments. C’est interroger ces représentations que cet ouvrage entend faire, en analysant la place de ces déesses dans le panthéon de la cité athénienne et la fabrique rituelle, discursive et poétique de ces figures divines. Le lecteur pourra dans un premier temps découvrir la finesse et la richesse des rapports qu’entretiennent ces déesses avec le sang versé, la parenté et la cité d’Athènes dans l’Orestie ; cette trilogie, qui a joué un rôle de premier plan dans la représentation savante actuelle des déesses, constitue un commentaire athénien sur la place des déesses dans les pratiques juridico-rituelles athéniennes dédiées au sang versé et sur leurs liens avec l’Aréopage. Liées à la concorde interne dans l’Orestie, elles le sont dans d’autres sources qui relatent les crimes des Alcméonides, autre récit fondamental dans la représentation athénienne des déesses. Ainsi, cet ouvrage s’attache dans un second temps à cerner d’autres constructions discursives des rapports entre les déesses et l’Aréopage et tend à démontrer que ces puissances ont un rôle éminemment politique, ce que laisse entrevoir les pratiques rituelles athéniennes analysées en fin de parcours. De la poésie athénienne aux pratiques cultuelles, c’est un portrait riche et changeant des Érinyes, des Euménides, des Semnai Theai que propose l’auteur.